L'arrosage direct du foyer
en jet droit peut avoir des conséquences dramatiques : le jet
d'eau pousse devant lui de l'air qui va activer les flammes
quelques secondes avant l'arrivée de l'eau, et va également
mélanger les gaz, pouvant ainsi provoquer un embrasement
généralisé éclair. Par ailleurs, le jet d'eau étant compact,
seul l'extérieur du jet va se vaporiser dans l'atmosphère chaude
de l'incendie (on estime qu'environ 20 % de l'eau se vaporise),
donc 80 % de l'eau ruisselle, crée un dégât des eaux, mais ne
participe pas à l'extinction. De plus, la vapeur d'eau crée va
avoir des mouvement non maîtrisés et peut revenir sur les
pompiers, créant des brûlures (la vapeur d'eau porte plus de
d'énergie thermique que l'air).
L'important n'est en fait
pas l'extinction en elle-même, mais la maîtrise du feu,
c'est-à-dire essentiellement le refroidissement des fumées qui
propagent l'incendie sur de grandes distances et mettent en
danger le personnel. Il faut donc refroidir le volume avant de
traiter le foyer. On parle donc parfois d'attaque à trois
dimensions ou d'attaque 3D.
Le premier à avoir
proposé l'utilisation d'un jet diffusé fut le chef Lloyd Layman
du Parkersburg W V Fire Department, lors de la Fire Department
Instructor's Conference (FDIC) de 1950 (Memphis, Tennessee).
Il est essentiel d'avoir
un jet diffusé, en petites gouttelettes : le nuage de
gouttelettes couvre un grand volume et les gouttelettes
s'évaporent avant de toucher les surfaces (murs, plafond), c'est
donc réellement les gaz qui sont refroidis.
On procède donc d'abord à
un refroidissement des fumées par petites impulsions d'un jet
diffusé au plafond ; cela permet :
- de refroidir les
fumées, et donc d'éviter une propagation de la chaleur, donc
de l'incendie ;
- le refroidissement
provoque également une diminution de la pression des gaz
(loi des gaz parfaits), qui évite d'avoir un retour de
vapeurs brûlantes ;
- cela crée un « ciel
de vapeur » inerte, donc empêche la création de « rouleaux
de flammes » au plafond.
Par rapport à l'arrosage
indirect, on ne crée que la quantité de vapeur nécessaire (il
est totalement inutile de saturer tout la pièce puisque la
partie dangereuse est uniquement le haut), et à un rythme
maîtrisé.
Il est important de
procéder par petites impulsions : un arrosage massif
perturberait l'équilibre des gaz (stratification) et mélangerait
les gaz chaud (initialement au plafond) au gaz froids
(initialement en bas) ; il en résulterait une élévation de
température au sol, dangereuse pour les pompiers, ainsi qu'un
retour de vapeur d'eau brûlante. Une alternative consiste à
refroidir toute l'atmosphère en faisant des zig-zag dans l'air
(technique du crayonnage).
Les méthodes actuelles
d'extinction utilisent un fort débit initial, de l'ordre de 500
L/min : le but est d'absorber un maximum de chaleur dès le
départ pour supprimer les risques d'extension du sinistre.
L'utilisation d'un débit trop faible ne refroidit pas
suffisamment, et la vapeur produite peut provoquer des brûlures
des intervenants (l'effet de contraction des gaz est
insuffisant). Paradoxalement, l'utilisation d'un fort débit avec
une lance et une technique adéquate (jet diffusé, en petites
gouttelettes) permet de diminuer la quantité d'eau utilisée :
une fois la température de la pièce abaissée, une faible
quantité d'eau est nécessaire pour éteindre le foyer en jet
droit(le foyer peut même s'être éteint tout seul par manque
d'air). On estime qu'il faut environ 60 L bien utilisés pour
éteindre un incendie dans une pièce d'habitation de 50 m2.
L'utilisation d'une
attaque 3D est devenu indispensable car dans les villes
modernes, les incendies sont maintenant attaqués en phase
d'éclosion, de développement, alors qu'auparavant, l'attaque se
faisait en phase de déclin :
- les délais
d'intervention se sont raccourcis (utilisation de bips pour
prévenir le personnel, optimisation de la répartition
géographique des moyens) ;
- les habitations ont
une isolation thermique, ce qui provoque un confinement
thermique (la chaleur ne peut plus s'évacuer).
Par ailleurs, les
matériaux modernes (notamment les polymères) ont un potentiel
calorifique plus important que les ancien matériaux (bois,
plâtre, pierre). Il faut donc arroser massivement au début.